Le Pôle Environnemental Solidaire de Beaumesnil : un exemple innovant en France

 

Tout au long de l’année, l’ALEC 27 vous emmène à la découverte de démarches énergie-climat exemplaires dans l’Eure. Cette semaine, focus sur le Pôle Environnemental Solidaire de Beaumesnil.

 

Ce Pôle doit sa création à l’association 1001 légumes. Celle-ci a installé ses bureaux à Beaumesnil, petite commune située près de Bernay. C’est ici que ses activités d’animations pédagogiques, de vente de paniers de légumes bio et de potager conservatoire sont nées. Après quelques années, l’association a mené un nouveau projet : la restauration d’une ancienne maison en Pôle Environnemental Solidaire.

 

La définition du projet

 

Vous pouvez vous poser la question « mais qu’est-ce qu’un Pôle Environnemental Solidaire » ? … Unique en France, cette appellation désigne un ensemble d’activités se trouvant dans un même lieu :

 

  • accueil de groupes en courts séjours pour des formations (ici jardinage et cuisine),

 

  • animations pédagogiques,

 

  • activité touristique avec la création d’un gîte d’hébergement (ici on compte 14 couchages) …

 

En plus de ces activités la particularité de ce lieu se trouve dans la rénovation énergétique et architecturale de son bâtiment. En effet, certaines animations ainsi que les hébergements se trouvent dans une ancienne bâtisse rénovée selon des techniques d’éco-construction (cf témoignage de l’architecte en charge du projet).

 

Pour mener à bien ce projet, l’association 1001 Légumes a dû faire appel à l’épargne solidaire et a bénéficié des soutiens financiers du Département de l’Eure, de la Région Haute-Normandie, de la Fondation de Grance et de la Communauté Européenne. Elle a travaillé avec l’architecte Pascal Sejourné et de nombreux bénévoles qui ont apporté leur savoir-faire.

 

Tout l’intérêt du Pôle réside donc dans son lien entre le social (création d’activités spécifiques et création d’emplois) et l’environnement (rénovation énergétique avec l’utilisation d’énergies renouvelables et travaux d’économies d’énergie).

 

Un axe social et solidaire

 

Ce pôle a donc plusieurs fonctions favorisant le développement d’activités locales et le développement économique :

 

  • mener des actions de sensibilisation et de formation à l’environnement avec par exemple des ateliers culinaires reprenant les aliments du potager et la production locale,

 

  • animer des ateliers pédagogiques thématiques (cuisine, jardinage …),

 

  • mettre en avant le local avec le potager conservatoire,

 

  • participer au développement touristique du territoire par la création d’un gîte.

 

Une démarche énergie-climat exemplaire

 

Cette rénovation en matière énergétique et patrimoniale est une démarche originale et exemplaire.

 

En effet, cet aménagement en éco-gîte met en avant différentes techniques d’économies d’énergie comme l’utilisation des énergies renouvelables, des techniques de gestion des ressources en eau et des techniques de tri des déchets. On observe donc une conciliation entre la protection du patrimoine architectural et le respect des normes de basse consommation énergétique.

 

Cette conciliation entre développement durable et développement économique fait du Pôle Environnemental Solidaire un lieu touristique et pédagogique exemplaire et innovant. C’est un projet pionnier (qui vous donnera des idées ?) sur le département de l’Eure et dans la région Haute-Normandie, récompensé par l’ADEME sur la partie rénovation énergétique, en 2012, en sélection PREBAT (Plateforme de recherche et d’expérimentation sur l’énergie dans le bâtiment).

 

Toute la partie technique et l’efficacité énergétique du bâtiment est d’ailleurs expliquée ci-dessous par Pascal Séjourné :

 

Témoignage de l’architecte en charge du projet, Pascal Séjourné

 

« L’idée poursuivie sur le plan énergétique avec ce projet de réhabilitation d’une maison ancienne fut d’atteindre le meilleur niveau en terme d’isolation thermique et de ne recourir qu’aux énergies renouvelables pour les besoins incompressibles. De plus, nous avons développé un volet expérimental consistant à accumuler massivement les apports solaires directs de façon à permettre une diffusion progressive de cette énergie thermique pour les besoins du confort intérieur.

 

Le niveau de performance thermique atteint selon le calcul réglementaire applicable aux bâtiments existants est ici de 77 kW/h e.p. par m² et par an. Le niveau d’étanchéité à l’air mesuré s’établit à 0,5 m cube par h et par m² de la surface déperditive.

 

L’isolation mise en œuvre consiste en un doublage par l’extérieur du mur Nord derrière une nouvelle façade en planches de Douglas. Les rampants de toiture ont été fortement isolés avec l’addition de 2 matériaux : un panneau de fibre de bois de 6 cm d’épaisseur côté extérieur en position de sous-toiture puis l’injection à l’intérieur d’un manteau de 30 cm d’épaisseur en ouate de cellulose.

 

Le mur Sud, le mieux conservé et le plus intéressant en matière de patrimoine architectural traditionnel, a été traité aussi par l’extérieur mais au moyen d’une nouvelle peau totalement vitrée. Ceci améliore un peu la caractéristique isolante, mais surtout, réalise un puissant capteur solaire. L’énergie thermique ici collectée est diffusée à l’espace habité soit directement à travers l’épaisseur du mur en maçonnerie, soit indirectement par transfert de l’air chaud dans la masse du sol de l’habitation spécialement structuré pour cet effet. Ce dispositif solaire actif aussi appelé “masse thermique” est inspiré des travaux et des réalisations du thermicien Francis Le Bris.

 

En partenariat avec l’ADEME de Haute-Normandie dans le cadre du programme PREBAT, le comportement thermique de l’ensemble de la réalisation sera enregistré en détail pendant 2 ans au moyen d’une instrumentation dotée d’une quarantaine de points de mesures portant sur les ambiances et les consommations. »

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